Films de procès

Ce film, important historiquement pour son traitement de l’homosexualité, montre un avocat atteint du Sida en procès contre son ex-employeur.

Le réalisateur est décrit par Wikipedia comme « casually humanist ». Et justement…

Derniers films vus :
Des Hommes d’honneur (A Few Good Men, 1992). Sans doute l’archétype du film de procès : tout se joue dans la salle d’audience, la vérité et les oppositions de valeur surgissent de manière explosive et à la fin justice est faite.

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A l’inverse, j’ai aussi vu Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird, 1962) et les Sentiers de la gloire, qui sont presque des anti-films de procès : celui-ci est bref et décrit comme une mascarade. Les deux films sont surtout intéressés parce tout ce qu’il y a autour.

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Pour le premier, la vie d’une petite ville en pleine ségrégation et pour le second les manigances et l’aveuglement de la hiérarchie militaire pendant la WW1. Mais il faut quand même un procès, pour montrer comment ça change la vie de ces deux communautés.

Du Silence et des ombres est par contre super ambigu dans son traitement du racisme :

  1. c’est montré comme une opposition entre le Hillbilly haineux et déchainé et les bourgeois éduqués qui, avocat, flic, juge… protègent tous l’accusé noir avec calme et humanité.

Du coup le seul racisme montré dans le film c’est celui des ploucs, ainsi que du jury qui condamne l’accusé. Mais du coup c’est une dénonciation du jury populaire et de la démocratie qu’elle représente, pas de l’institution judiciaire ni de ses membres.

  1. le sujet du film, c’est la croisade de l’avocat blanc pour défendre un noir. Lequel a peu la parole. Sa femme et son entourage pas du tout. On ne sait pas ce qu’il pense, il reste passif pendant le procès et pendant le crime dont on l’accuse.

Tout le procès est là pour magnifier le combat et la rage rentrée du héros. Le plouc haineux est soudain bizarrement silencieux. La communauté noire, aussi silencieux et passif, est à l’étage. Ils se lèvent pour honorer le héros. Ils sont littéralement spectateurs de leur lutte

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  1. Du coup l’ensemble est très angélique. Personne n’est donc vraiment raciste dans cette charmante bourgade à part un groupe bien identifié. Lequel est parti pour lyncher l’accusé à un moment, mais est stoppé net par la réaction innocente de la fille du héros. C’est beau.

Autopsie d’un meurtre (Preminger, 1959). Le procès comme affaire de survie et de rhétorique, pas de justice. Un film magnifique mais révélateur du regard sur le viol à l’époque, pas toujours volontairement on dirait (d’ailleurs @valerieCG y consacre une page dans son livre).

Dans les deux premiers, c’est l’occasion de reprendre (et vaguement dénoncer) la crainte raciste envers l’homme racisé, ce « prédateur qui vient violer nos femmes ».
Dans tous, c’est du pain béni narratif puisque ça permet :

  • de montrer la tension entre la loi et d’autres systèmes de règles (code d’honneur, etc.).
  • créer un triangle riche entre le coupable, la victime et son père ou mari (dont l’honneur est bafoué et auquel la femme est évidemment assujettie)

Ancre pour le titre : 30 avril 2020 30 avril 2020

Lien d'origine
Citation de : Baptiste / @Saint_loup

Je me lassais de The Good Fight mais la nouvelle saison est audacieuse : un épisode disons très méta, un qui questionne et fait vaciller la source du pouvoir judiciaire (pourquoi on écoute les décisions d’un gus en robe ?), et un qui aborde les réparations de l’esclavage.

Section Spéciale (1978, Costa-Gavras) (je crois que j’avais jamais rien vu de plus).

« Qui parmi vous à lu Maupassant ? »
Mazette, c’est lettré. Un petit coté « film de Rohmer mais sous Vichy ? »

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Du Client (1994), je n’aurai qu’une seule chose à dire : wow, quel swag.
Vous vous élevez contre les pompe sans chaussettes, mais que dire du costard à même la peau ?

(bon le film est plus un « thriller juridique » qu’un « court room drama »)

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Là le film est un peu light en contexte donc citons :
l’énorme opération Mains propres
La loi spéciale pour isoler les accusés
…Des négociations entre mafia et gouvernement, notamment, à cause de cette loi

Opération Mains propres — Wikipédia 15 novembre 2022 ~ Fondation Wikimedia, Inc.
Article 41-bis prison regime - Wikipedia 30 août 2022 ~ Wikimedia Foundation, Inc.
State-Mafia Pact - Wikipedia 02 février 2022 ~ Wikimedia Foundation, Inc.

Présumé innocent (1990), très bien.
Récit d’un procureur qui découvre ce que ça fait de se retrouver sur le banc des accusés et essaye de rester maitre des évènements, dans une posture de procureur qui connait le système et pas d’accusé.

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Alors que la posture de procureur l’oblige à être impitoyable avec lui-même et sa part d’ombre. Genre y a une belle scène où il anticipe et joue dans le détail le réquisitoire qu’on va dresser contre lui.

(merci à @absolument_tout pour le conseil)

+1 point pour le personnage de l’épouse sarcastique. Genre sa réplique « Masturbation, the refuge of the lonely housewife. » Deux ans avant l’épisode de Seinfeld sur le sujet (ok le cinéma n’est pas la télévision)

Un homme pour l’éternité (1966)
Je savais vaguement que l’église anglicane était née parce qu’un roi anglais voulait divorcer, mais j’ignorais que Thomas More, en plus d’être un grand philosophe, fut aussi un homme politique d’importance et directement impliqué dans ce bazard.

Que la classe ultime, c’est de s’inquiéter pour l’homme qui va te tuer.

Que donner un pourliche au bourreau, c’est particulier.

Que déjà, le tip était un système pervers qui dénaturait le vrai sens du service et obligeait le bourreau à sourire au client.

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Bon point : le sujet est abordé sous ses différentes facettes : santé des employés de DuPont, bétail qui meure quand l’entreprise déplace le problème dans une décharge, voisinage qui soutient DuPont (1er employeur de la ville, hashtag capitalisme et territoire),

Mauvais point : le film est sobre jusqu’à l’austérité, les victimes et persos secondaires se succèdent, seul le héros sert de fil rouge aux 20 ans que dure le film. Et ça ne marche pas. Le vrai Rob Bilott est mieux campé dans l’article à l’origine du film.

Ce qui est drôle avec le dispositif du procès c’est que ça peut donner des trucs très très variés.
Vu par hasard à 3 jours d’écart : Le Procès de Jeanne d’Arc par Bresson et cet épisode de Gravity Falls.

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– Le Procès de Jeanne d’Arc est totalement dépouillé, les dialogues sont tirés des minutes du procès et j’ai envie de le résumer « j’ai peur, mais Dieu est avec moi donc deal with it ».
– Je pense que les screenshots de Gravity Falls parlent d’eux même.

Malgré ses scénarios invraisemblables, les jeux Ace Attorney décrivent bien les problèmes de la justice japonaise : taux de condamnation énorme, procureurs tous puissants, avocats méprisés, présomption de culpabilité, confession obtenue à tous prix

La comptine d’origine (1e version connue : 1744 !) est belle. Moins une histoire de procès que de rituel funéraire : tour à tour, chacun chante son rôle dans les étapes entre la vie et la mort.
Plein d’interprétations possibles bien sûr, cf. l’article.

Cock Robin - Wikipedia 16 septembre 2022 ~ Wikimedia Foundation, Inc.

Parenthèse : Disney a toujours massivement adapté ou plagié massivement des légendes, comptes, comptines, mangas, romans, évènements historiques… venant de nombreuses cultures. Une grande machine à recycler et disney-fier.

The Trial of the Chicago 7 (via @White_fangs)

Alors j’imaginais pas, quelques mois après avoir découvert Succession, retrouver l’acteur qui joue Kendall en hippie radicalisé montrant comment faire un cocktail Molotov aux coté de Sacha Baron-Cohen.

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Alors, les Sept de Chicago : bien, même si la valeur du film est surtout documentaire AMHA, packagée dans un film de Sorkin.

Connaissant Sorkin et la liberté qu’il peut prendre avec l’histoire, c’est intéressant de jouer aux 7 différences. J’ai eu quelques surprises ⬇️

Le film est l’histoire d’un procès à charge contre 7+1 bouc-émissaires, leaders de groupes très différents et accusés d’avoir fait tourner à l’émeute des manifestations contre la guerre du Vietnam, en octobre 68.

  • Par contre, on a bien nié à Bobby Seale le droit à un avocat ou à se représenter lui-même. Il a bien été attaché et baillonné en plein tribunal. La réalité est pire que le film : ça a duré plusieurs jours.