Ancre pour le titre : 30 mars 2020 30 mars 2020
Lien d'origineJe ne sais pas si ma fascination pour les films de procès est liée à celle pour les films de sous-marin, mais beaucoup de huis-clos dans les deux cas.
Je ne sais pas si ma fascination pour les films de procès est liée à celle pour les films de sous-marin, mais beaucoup de huis-clos dans les deux cas.
Message vide.
En fait Le Procès (Orson Welles) c’est Crash mais pour les bibliophiles. https://t.co/Y5vWucyJcL
On continue les films de procès avec Philadelphia (1993) et ce plan à la fin de la première scène.
Ce film, important historiquement pour son traitement de l’homosexualité, montre un avocat atteint du Sida en procès contre son ex-employeur.
Le réalisateur est décrit par Wikipedia comme « casually humanist ». Et justement…
Ce texte datant de la sortie critique la dépolitisation du film (une pancarte « silence=death » dans un coin pendant une fraction de sec compte pas) et d’être plus intéressé par le perso du hétéro homophobe que par celui du gay (effectivement ectoplasmique).
Un article plus récent en veut plus à Hollywood qu’à Philadelphia, pour ne pas avoir plus emprunté la voie (aussi limitée soit-elle) ouverte par le film.
Derniers films vus :
Des Hommes d’honneur (A Few Good Men, 1992). Sans doute l’archétype du film de procès : tout se joue dans la salle d’audience, la vérité et les oppositions de valeur surgissent de manière explosive et à la fin justice est faite.
Oppositions de valeur, comme dans cette tirade ambiguë et restée célèbre, qui à la fois exalte et condamne le personnage du guerrier facho
A l’inverse, j’ai aussi vu Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird, 1962) et les Sentiers de la gloire, qui sont presque des anti-films de procès : celui-ci est bref et décrit comme une mascarade. Les deux films sont surtout intéressés parce tout ce qu’il y a autour.
Pour le premier, la vie d’une petite ville en pleine ségrégation et pour le second les manigances et l’aveuglement de la hiérarchie militaire pendant la WW1. Mais il faut quand même un procès, pour montrer comment ça change la vie de ces deux communautés.
Du Silence et des ombres est par contre super ambigu dans son traitement du racisme :
Du coup le seul racisme montré dans le film c’est celui des ploucs, ainsi que du jury qui condamne l’accusé. Mais du coup c’est une dénonciation du jury populaire et de la démocratie qu’elle représente, pas de l’institution judiciaire ni de ses membres.
Tout le procès est là pour magnifier le combat et la rage rentrée du héros. Le plouc haineux est soudain bizarrement silencieux. La communauté noire, aussi silencieux et passif, est à l’étage. Ils se lèvent pour honorer le héros. Ils sont littéralement spectateurs de leur lutte
Comme dit Roger Ebert à propos d’une autre scène : « The black people in this scene are not treated as characters, but as props, and kept entirely in long shot. The close-ups are reserved for the white hero and villain. »
Les minorités comme cause abstraite à défendre par un dominant à bonne conscience, et pas comme acteurs autonomes, un problème récurrent dans le cinéma et au-delà.
J’ai oublié de partager cette phrase terrible dans Les Sentiers de la gloire.
Autopsie d’un meurtre (Preminger, 1959). Le procès comme affaire de survie et de rhétorique, pas de justice. Un film magnifique mais révélateur du regard sur le viol à l’époque, pas toujours volontairement on dirait (d’ailleurs @valerieCG y consacre une page dans son livre).
Et les yeux de Ben Gazzara.
Sinon l’affiche est de Saul Bass et la musique de Duke Ellington
A noter que le juge est joué par Joseph Welch, un vrai avocat que l’on associe à une commission d’enquête ayant contribué au déclin du MacCarthysme, pendant laquelle il a lancé à McCarthy le célèbre « ne vous reste-t-il aucune décence ? »
La cible de cette commission : Roy Cohn, qui est resté comme l’archétype de l’avocat cynique et sans scrupule, incarné par Al Pacino dans Angels in america et évoqué dans un épisode de The Good Fight
Le Verdict (1982) et ses peintres de procès
Et Charlotte Rampling, et Paul Newman
Rashomon (Kurosawa, 1950). Moins un film de procès qu’un film de témoins, où chacun raconte sa version des évènements. Le film donnera son nom à la technique du narrateur non-fiable.
Rien d’intelligent à dire dessus à part « foutrement beau ».
Killing the Mockinbird, When the sun shines bright, Anatomy of a murder, Rashōmon : quatre classiques des films de procès et sortis à la même époque. À chaque fois une affaire de viol.
Dans les deux premiers, c’est l’occasion de reprendre (et vaguement dénoncer) la crainte raciste envers l’homme racisé, ce « prédateur qui vient violer nos femmes ».
Dans tous, c’est du pain béni narratif puisque ça permet :
A coté de ça il y a Adam’s Rib, de mémoire un film très chouette, sur le meurtre d’un homme par sa femme et la lutte pour avoir le même traitement que si les rôles étaient inversés.
Katharine Hepburn & Spencer Tracy.
Message vide.
Je me lassais de The Good Fight mais la nouvelle saison est audacieuse : un épisode disons très méta, un qui questionne et fait vaciller la source du pouvoir judiciaire (pourquoi on écoute les décisions d’un gus en robe ?), et un qui aborde les réparations de l’esclavage.
Section Spéciale (1978, Costa-Gavras) (je crois que j’avais jamais rien vu de plus).
« Qui parmi vous à lu Maupassant ? »
Mazette, c’est lettré. Un petit coté « film de Rohmer mais sous Vichy ? »
Michael Londsdale télétravaille.
(Plus sérieusement, c’est une reconstitution minutieuse de l’exercice du pouvoir à Vichy. Donc le pouvoir était un peu entassé.)
Much art du cadrage, very profondeur de champ.
(L’accusé c’est Lucien Sampaix, directeur de L’Humanité et de L’Humanité Clandestine)
Un bout du thread s’est perdu ici on dirait -_-
« How about a nice cup of Vichy ».
J’allais faire des raccourcis douteux avec l’actualité mais tout va bien l’Ordre Républicain règne à nouveau. On aura d’autres occasions de ressortir l’image. https://t.co/bjpaLGRCdu https://t.co/nPzK7PdeA2
Du Client (1994), je n’aurai qu’une seule chose à dire : wow, quel swag.
Vous vous élevez contre les pompe sans chaussettes, mais que dire du costard à même la peau ?
(bon le film est plus un « thriller juridique » qu’un « court room drama »)
Ah aussi : ce moment où tu te prends une attaque de « fake geek girl » par ton client.
et Mary-Louise Parker toute jeunette. <3
Que Le Traitre sorte la même année (2019) que Les Traducteurs, déjà je trouve ça drôle. Traduttore, traditore, tout ça.
Mais en plus y a une scène lors du Maxi-procès où l’on reproche à un témoin repenti de parler trop vite et en sicilien.
@m_causse
C’est Luigi Lo Cascio, héros de La meglio gioventù <3
Le Maxi-procès : un procès contre 475 personnes, dans un bâtiment construit pour l’occasion et grâce auquel fut révélé et prouvé à quel point la mafia était puissante et structurée.
Le film montre aussi le procès d’Andreotti, un des hommes politiques italiens les plus importants de l’époque.
Là le film est un peu light en contexte donc citons :
l’énorme opération Mains propres
La loi spéciale pour isoler les accusés
…Des négociations entre mafia et gouvernement, notamment, à cause de cette loi
Touché. Au nom des tous les français nuls en prononciation italienne, je présente mes excuses au peuple italien.
Présumé innocent (1990), très bien.
Récit d’un procureur qui découvre ce que ça fait de se retrouver sur le banc des accusés et essaye de rester maitre des évènements, dans une posture de procureur qui connait le système et pas d’accusé.
Alors que la posture de procureur l’oblige à être impitoyable avec lui-même et sa part d’ombre. Genre y a une belle scène où il anticipe et joue dans le détail le réquisitoire qu’on va dresser contre lui.
(merci à @absolument_tout pour le conseil)
+1 point pour le personnage de l’épouse sarcastique. Genre sa réplique « Masturbation, the refuge of the lonely housewife. » Deux ans avant l’épisode de Seinfeld sur le sujet (ok le cinéma n’est pas la télévision)
Un homme pour l’éternité (1966)
Je savais vaguement que l’église anglicane était née parce qu’un roi anglais voulait divorcer, mais j’ignorais que Thomas More, en plus d’être un grand philosophe, fut aussi un homme politique d’importance et directement impliqué dans ce bazard.
Je ne savais pas non plus QU’UN FILM TRAITE PRÉCISÉMENT DE CE SUJET o__o
Du coup j’ai cherché et dans le registre « procès de philosophe qui finit mal », y a aussi un film sur Giordano Bruno
Et une adaptation de l’Apologie de Socrate par Rossellini
Qu’en dire, à part que l’acteur principal a une moue de niveau olympique.
Que la photo est très belle et qu’Orson Welles (uniquement acteur ici) porte très bien le pourpre. Quand on voit un rouge comme ça difficile de ne pas penser à Velasquez.
Et à toutes les versions de Bacon (section « pope »)
Que certains rituels ne changent pas (jurer sur la bible, le jury sur deux rangées qui se retire pour délibérer), au point que je me suis demandé si c’était vrai historiquement.
Que la classe ultime, c’est de s’inquiéter pour l’homme qui va te tuer.
Que donner un pourliche au bourreau, c’est particulier.
Que déjà, le tip était un système pervers qui dénaturait le vrai sens du service et obligeait le bourreau à sourire au client.
Dark Waters (Todd Haynes, 2019). Sujet passionnant (20 ans de procès contre DuPont sur la toxicité du PFOA), film un peu chiant (et pour que je dise ça…).
Bon point : le sujet est abordé sous ses différentes facettes : santé des employés de DuPont, bétail qui meure quand l’entreprise déplace le problème dans une décharge, voisinage qui soutient DuPont (1er employeur de la ville, hashtag capitalisme et territoire),
…
…grande consommation (le PFOA est dans le teflon de nos poêles) et finalement enjeu planétaire (le film se conclut par « quasiment tous les organismes vivants ont du PFOA dans le sang »)
…
Mauvais point : le film est sobre jusqu’à l’austérité, les victimes et persos secondaires se succèdent, seul le héros sert de fil rouge aux 20 ans que dure le film. Et ça ne marche pas. Le vrai Rob Bilott est mieux campé dans l’article à l’origine du film.
Autant lire l’article.
Ce qui est drôle avec le dispositif du procès c’est que ça peut donner des trucs très très variés.
Vu par hasard à 3 jours d’écart : Le Procès de Jeanne d’Arc par Bresson et cet épisode de Gravity Falls.
– Le Procès de Jeanne d’Arc est totalement dépouillé, les dialogues sont tirés des minutes du procès et j’ai envie de le résumer « j’ai peur, mais Dieu est avec moi donc deal with it ».
– Je pense que les screenshots de Gravity Falls parlent d’eux même.
PS : je pense que je n’aurais pas vu (et même bingé) Gravity Falls sans la pub discrète mais efficace qu’en a fait @Eris_Lepoil. Hat tip.
Ace Attorney (par Takashi Miike, 2012)
(c’est adapté d’un jeu dont je ne connais rien à part quelques mèmes)
Moi : « j’aime les films réalistes et les reconstitutions minutieuses »
Moi aussi, un intellectuel :
Ah quand même.
Ils s’envoient des documents de preuve en hologramme à la gueule. C’est tellement génial.
KAMEHA FORCE PROBATOIRE
Vidéo ou son présent dans le lien d'origine.
OH SNAP
Vidéo ou son présent dans le lien d'origine.
Un rebondissement totalement @mondomascots
La justice dans Ace Attorney, toute en subtilité et en dignité.
Vous voyez le gimmick dans les mangas et vieux comic strips où un perso tombe à la renverse tellement son interlocuteur dit un truc inattendu ou décalé ?
Y a deux scènes dans le film où l’audience entière le fait (bon elle tombe plus à 90 qu’à 180°)
C’est merveilleux d’artificialité et de maniérisme.
Évidemment TVtropes a une page sur cet effet.
Malgré ses scénarios invraisemblables, les jeux Ace Attorney décrivent bien les problèmes de la justice japonaise : taux de condamnation énorme, procureurs tous puissants, avocats méprisés, présomption de culpabilité, confession obtenue à tous prix
Autre article à ce sujet
J’avais déjà posté ça : une loooongue section sur les droits de l’homme et le système pénal/carcéral au Japon
Avec ses juges d’instruction, la France partage avec le Japon une même conception du procès
Moi quand j’attire les gens avec des jifs drôlatiques puis dégaine des pavés de Wikipedia et de media studies.
Vidéo ou son présent dans le lien d'origine.
Who Killed Cock Robin?
Un dessin animé chanté de 1935, par Walt Disney, adapté d’une vieille comptine, racontant un meurtre et un procès ? Ça rentre totalement dans ce fil !
En huit minutes on a : la création d’un univers cohérent (très Pixar), de la brutalité policière, des suspects arrêtés hâtivement, un retournement de situation… et des clins d’œil (prison de Sing Sing, avec des oiseaux… humour )
La comptine d’origine (1e version connue : 1744 !) est belle. Moins une histoire de procès que de rituel funéraire : tour à tour, chacun chante son rôle dans les étapes entre la vie et la mort.
Plein d’interprétations possibles bien sûr, cf. l’article.
Parenthèse : Disney a toujours massivement adapté ou plagié massivement des légendes, comptes, comptines, mangas, romans, évènements historiques… venant de nombreuses cultures. Une grande machine à recycler et disney-fier.
Ironiquement, lors d’une période parfois appelée son « âge sombre », y avait plus de scénarios originaux.
Et donc, cette grande machine à recycler qu’est Disney prend un nouveau sens vu son hégémonie croissante sur le marché ricain. En 2019, 8 des plus gros films sur 10 étaient produits par Disney, directement ou non.
Puisqu’on parle d’animation : je suis fasciné par cette scène de South Park où un avocat utilise la défense la plus absurde et confuse possible. #ToutÀFaitDactualité
The Trial of the Chicago 7 (via @White_fangs)
Alors j’imaginais pas, quelques mois après avoir découvert Succession, retrouver l’acteur qui joue Kendall en hippie radicalisé montrant comment faire un cocktail Molotov aux coté de Sacha Baron-Cohen.
Alors, les Sept de Chicago : bien, même si la valeur du film est surtout documentaire AMHA, packagée dans un film de Sorkin.
Connaissant Sorkin et la liberté qu’il peut prendre avec l’histoire, c’est intéressant de jouer aux 7 différences. J’ai eu quelques surprises ⬇️
Le film est l’histoire d’un procès à charge contre 7+1 bouc-émissaires, leaders de groupes très différents et accusés d’avoir fait tourner à l’émeute des manifestations contre la guerre du Vietnam, en octobre 68.
Parenthèse : un portrait de Fred Hampton
Sinon, c’est drôle de voir un film de Sorkin sans une seule scène de dialogue rythmée par la marche (et globalement peu de sorkinades). Dans un tribunal c’était compliqué mais les scènes de manif auraient pu s’y prêter.
Cf cette parodie