Les ancêtres d’Excel et de Powerpoint

Ancre pour le titre : Excel Excel

Ce photogramme est tiré du film La Garçonnière de Billy Wilder. On y voit le héros, comptable parmi des centaines d’autres dans une compagnie d’assurance. Benedict Evans a avancé l’idée qu’on peut comparer ce bureau à un fichier Excel et chacun de ces employés à une cellule effectuant un calcul précis. Evans surestime sans doute le degré de taylorisation des employés de bureau, mais il est vrai qu’il est tentant de comparer à un énorme tableau tous les départements d’une organisation s’occupant de chiffres et que le développement de l’informatique a largement automatisé les calculs et permis d’étendre les méthodes de travail et de raisonnement, comme l’a très bien perçu Steven Levy dès 1984.

Il existe un cas encore plus parlant : les calculs mathématiques complexes requis par des domaines tels que l’astronomie, la balistique ou la cryptanalyse. Chaque calcul était décomposé en opérations simples et successives, effectuées par des personnes armées de calculettes et autres tables de logarithme. En anglais, ces personnes étaient appelées des… computers, Cf. cet article et ce livre. Bletchley Park était ainsi un centre militaire tout entier dédié au but de casser les codes secret utilisé par l’Axe, ce qui se reflétait dans son organisation.

Ancre pour le titre : Powerpoint Powerpoint

Powerpoint est autre exemple d’organisation entière se retrouvant réduite à un simple logiciel. Dans les années 1980, la conception d’une présentation se faisait par ordinateur, mais il fallait toujours produire les supports, que ce soit sur diapositive argentique ou sur transparent. Powerpoint 2.0 avait ainsi un bouton Envoyer à Genigraphics, qui permettait de transmettre un fichier directement à une entreprise spécialisée dans l’impression de diapositives.

Si on remonte jusqu’au début du 20e siècle, on trouve l’entreprise de chimie DuPont, qui possédait une salle dédiée. Ses dirigeants pouvaient assister à des présentations étayées par des tableaux et graphiques, lesquels étaients affichés sur de grands panneaux, d’abord montés sur des charnières puis sur tout un système de monorail. C’est fascinant, car le dispositif a inventé ou popularisé à la fois :

  • L’usage des graphiques, pas très répandu à l’époque
  • L’idée de la diapositive comme document synthétique et support d’un discours
  • L’idée d’une présentation comme suite de diapositives
  • L’idée d’un répertoire de diapositives dans lequel on puisse piocher, puisque la salle servait autant de lieu de réunion que d’archive.

Et DuPont a fait ça de la manière la plus littérale et steampunk qui soit : avec des rails.

1919 : première version
1950 : ver­sion plus évo­luée

Ancre pour le titre : Pour aller plus loin Pour aller plus loin

  • Un article très complet sur l’histoire du format de la diapositive
  • Un livre sur l’histoire du travail intellectuel au prisme des bureaux et environnements de travail.