Une petite critique d'iTunes 11
Je prends habituellement soin de rester à l’écart des discussions sur la convergence entre iOS et Mac OS et sur la mauvaise influence que le premier aurait sur le second. Pourtant, avec la sortie d’iTunes 11, j’ai un exemple parfait de modèle d’interaction inspiré par iOS et qui m’a beaucoup dérouté.
J’ai voulu essayer le menu en « popover » qui apparait au survol près d’une chanson, d’un album ou d’un artiste. Je voulais mettre une chanson dans une playlist, donc j’ai passé le curseur sur « ajouter à ». Là, rien ne s’est passé. J’ai commencé à imaginer des trucs, par exemple qu’iTunes avait perdu mes playlists, d’ailleurs la flèche a l’air grisé, d’ailleurs au démarrage un message m’avait dit que ma bibliothèque devait être convertie. La solution est la plus bête qui soit : il faut cliquer pour accéder au sous-menu.
C’est un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire : tromper les attentes de l’utilisateur. Ce menu a la même fonction qu’un menu contextuel et y ressemble au premier abord, mais en fait non : le sous-menu apparait dans la même fenêtre au lieu de surgir à droite. Cela évite le problème classique des menus et de la trajectoire subtile qu’il demandent, mais on perd à tous les autres niveaux :
- Le menu contextuel classique est accessible en cliquant-droit n’importe où sur la ligne de la piste concernée. A contrario, imaginez le trajet qu’il faut faire sur un iMac 27” pour accéder au bouton du nouveau menu popover.
- Il faut un clic en plus à chaque fois.
- Comme je l’ai dit, on trompe les habitudes de l’utilisateur, tout en conservant le menu classique. L’idée est sans doute d’avoir un menu plus accessible et moins chargé, mais du coup on se retrouve avec un système bâtard, où le menu classique est rempli d’options rarement utilisées (« créer une version AAC », « convertir les balises ID3 ») ou qui ne sont que des vestiges des version précédentes. Notamment, il me semble que « décocher la sélection » n’a plus aucun effet (normal : les checkboxes pour chaque piste ont disparu).
Je ne dis pas que ce système très marqué par iOS est, dans l’absolu, mauvais sur Mac OS, mais en l’état, c’est un ilot de logique tactile au milieu du reste et c’est d’une utilisabilité contestable.