Adieu Aero

Microsoft a annoncé récemment que la version bureau de Windows 8 (c’est-à-dire la version classique, pas celle dédiée au mobile et suivant le paradigme Metro) abandonnerait Aero. Pour ceux qui ne voient pas ce que c’est : vous voyez le nouveau look de Windows depuis Vista ? C’est Aero. Je dois avouer que j’ai appris cette disparition avec un plaisir certain, tant ce thème était un amoncellement d’effets graphiques s’inspirant des cotés les plus superficiels et eye candy de Mac OS. L’effet de glow autour du titre dans une fenêtre, le changement de couleur brutal au deux tiers de la bordure, la transparence, les bandes en diagonale censés faire “vitre”, etc. Isolément, rien de tout ça n’est forcément horrible mais l’ensemble est overdesigné et manque de cohésion.

Il y a un dernier aspect du thème Aero qui m’horripile, ce sont les bordures des fenêtres. C’est l’illustration parfaite d’un point important en utilisabilité : le look & feel d’un logiciel n’est pas cosmétique, il n’est pas seulement là pour appuyer l’identité visuelle du produit ou pour faire joli. Il aide à traiter l’information, ou au contraire peut se mettre en travers. En l’occurrence, à quoi servent les bordures ? A identifier les limites d’une fenêtre, c’est tout. Pour une tache aussi simple, quelque chose de minimal devrait bien suffire.

Quel est le problème avec ces bordures, pour qu’elles soient un tel contre-exemple ?

Elles sont trop larges. Comparez une fenêtre de Mac OS 10.7 et une de Windows 7 : malgré le minimalisme de la première, on arrive très bien à distinguer la fenêtre de l’arrière-plan : la différence de couleur, les barres de titre et d’état et le léger ombrage suffisent largement.

Mac OS
Mac OS
Windows
Windows

Elles sont trop chargées. Je compte : l’ombrage, une ligne blanche de rehaut, une zone de couleur personnalisable, une seconde ligne blanche et enfin une dernière ligne qui sépare la fenêtre et son contenu. C’est beaucoup et pas très easy on the eyes. Les lignes blanches sont, à mon avis, trop claires, ce qui donne un effet de contraste trop prononcé. A cela s’ajoute éventuellement des bordures propres à chaque logiciel. Ici, une capture de The Gimp pour Windows, dans la brand new 2.8 et en mode multi-fenêtré. Tout ce chrome me fait mal aux yeux, presque littéralement : même inconsciemment, c’est une complexité que l’esprit doit traiter.

Enfin, ce problème se conjugue avec un autre : l’effet de transparence est déjà critiquable, mais le faire figurer dans une zone si étroite est une très mauvaise idée. La bordure est une zone censée se faire oublier, au lieu de ça on a droit à un effet riche, différent suivant la position de la fenêtre, le fond d’écran et la personnalisation, tout ça sur dix ou vingt pixels. Ce n’est pas grand-chose, c’est à la périphérie, mais justement : c’est un peu comme si on travaillait avec un Vasarely au coin de l’œil. La largeur des bordures est paramétrable, mais ça ne résout pas le problème, au contraire : plus larges, elles deviennent trop visibles et gâchent de la place ; plus étroites, elles apparaitront encore plus chargées. On peut mettre à 0 la valeur remplissage des bordures dans les paramètres avancés du menu “couleur de la fenêtre”[1], mais c’est un cache-misère qui ne change ni fondamentalement les principes du thème ni les paramètres par défaut.

EDIT : Après avoir vu tourner une Release Preview de Windows 8, l’effet de transparence est toujours là par défaut mais le reste du thème est nettement plus clean.


  1. Une autre fois, on parlera du panneau de configuration, ce labyrinthe où transparait toute les couches historiques de Windows. ↩︎